Henri Verne : Bob Morane 9 - Oasis K ne réponds plus


Confortablement installé dans un appartement parisien, un homme lit un journal qui relate l’enlèvement d’un immigré polonais de la banlieue. Un événement étrange car il s’agirait d’un homme sans histoire. De plus, un individu aux yeux fixes, sans vie, aurait été aperçu dans les parages. La police ferait même un rapprochement avec d’autres enlèvements survenus en Algérie, notamment. Tiens, c’est justement là où se trouve Bob Morane au début de cette histoire. En tourisme, il va s’en dire, mais, comme d’habitude, il n’aura pas le temps de visiter la corniche d’Alger… En effet, en rentrant à son hôtel, il trouve un mot de son ami de Polytechnique, Claude Bory, qui se prétend en danger et lui demande de le retrouver dans un hôtel d’un quartier mal famé du secteur arabe de la ville. Sauf qu’on ne revoit plus Claude Bory, probablement enlevé comme les autres. Et quand Bob Morane rentre à son hôtel, des têtes dirigeantes des armées françaises et américaines l’attendent de pied ferme pour lui confier une mission délicate, une mission qui, devant les réticences du principal intéressé, se transforme subtilement en ordre. De quoi s’agit-il ? Une base militaire secrète située dans le désert du Sahara, conçue en partenariat par les deux puissances, ne répond plus aux appels répétés du colonel Jouvert, le responsable en titre pour la France. Or, cette base dispose d’un arsenal impressionnant, des avions, des fusées, des bombes… Un armement susceptible de détruire en un temps record plusieurs grandes villes du monde occidental. Par ailleurs, la base a été conçue de manière à ce que ses habitants puissent vivre en totale autarcie, sans aucun apport extérieur en denrée et en énergie. Alors, on comprendra aisément que, quand on a perdu la communication avec une telle base et que chaque émissaire qui s’y rend ne revient jamais, il y a de quoi s’inquiéter.

Donc, Bob Morane a reçu la mission d’aller jusqu’à cette base, appelée Oasis K, pour comprendre ce qui s'y passe. À bord d’un jet mis à sa disposition, il se rend jusqu’au désert du Sahara sans trop s’approcher de la base, atterrit au milieu d’une zone montagneuse et s’y dirige à pied au milieu des dunes de sable. Mais il est vite repéré… Alors il affronte tout seul une armée de militaires aux yeux vides, un peu comme des hommes-robots, réussit à se réfugier dans une tribu Touareg et, après une nuit de répit, est fait prisonnier le lendemain matin. En guise de représailles, les mercenaires brûlent le village des Touaregs…

Une fois à la base, Bob Morane est conduit dans le bureau de Charles Wiener, un biologiste, qui s’avère le maître de l’Oasis K. À l’instar des Faiseurs de désert (Bob Morane 7), notre héros a affaire à un savant fou qui veut dominer le monde… Devant le refus de coopérer de Bob Morane, ce mégalomane entreprend de le transformer en zombi, une pratique inspirée par le vaudou haïtien qu’il semble connaître fort bien. Mais un subterfuge, initié par son ami. l’invite à mimer le comportement des hommes aux yeux vides jusqu’à ce que les deux amis puissent s’enfuir afin de prévenir le consortium militaire franco-américain de ce qui se passe à Oasis K. Nos héros réussissent à dérober un jet au moment même où Wiener lance un avion porteur d’une bombe atomique destinée à détruire Alger. Comme on s’en doute, Bob Morane réussit à détruire l’avion qui s’écrase, avec sa bombe, en plein sur la base, détruisant plutôt Oasis K. Mais au lieu des félicitations qu’il serait en droit de s’attendre, le commandant Morane se fait rabrouer par le colonel Jouvert, celui-ci acceptant mal la destruction d’Oasis K, une base qui a coûté des millions et qui représente plusieurs années de recherche militaire. Aussi, il  souhaite ramener notre héros en France afin qu’il s’explique devant un tribunal militaire. Bob Morane ne regrette rien, considérant que la perte de cette avancée scientifique s’avère un bienfait pour le monde qui n’a nul besoin d’un complexe militaire pour s’épanouir… Il tourne alors le dos au colonel, fermement décidé à passer quatre ou cinq mois chez ses amis les Touaregs…

J’ai bien aimé ce neuvième roman de Bob Morane. Certes, son intrigue est simple, mais il véhicule une vision moins simpliste des relations internationales que L’Héritage du flibustier, par exemple. Certes, même si le roman se déroule en Algérie, Henri Vernes n’aborde à aucun moment la délicate question de colonisation française dans ce pays. Cela n’empêche pas qu’il s’y sent clairement en territoire conquis. Quant à sa sympathie pour les Touaregs, elle relève d’une sentimentalité toute occidentale pour l’idéal de liberté qu’inspirent ces tribus nomades qui vivent davantage de razzias que d’autres choses… Bien entendu, comme dans tous les romans jusqu’à présent (sauf dans La Griffe de feu où Bob Morane croise la nièce du gouverneur), les femmes brillent par leur absence.

Henri Vernes. Bob Morane 8 : Oasis ne répond plus, c1955


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