Antoine Bello : Les Falsificateurs

Le héros des
Falsificateurs s'appelle Sliv Dartunghuver et est islandais. À peine sorti de l'école, il est embauché par Baldur, Furvset et Thoberg, une firme de conseil en environnement basé à Reykjavik. Mais il s'agit d'une couverture car, dans les faits, il travaille pour le CFR, c'est-à-dire le Consortium de falsification du réel, une organisation aux allures de confrérie ayant des tentacules partout dans le monde.

Pendant les trois cents premières pages du roman, l'auteur décrit les opérations du CFR. Cela apparaît comme une sorte de jeu... mais, suite à une erreur de Sliv, tout bascule dans l'horreur. En poste à Cordoba (Argentine) sous les ordres de la jolie et ambitieuse Lena Thorsen, une Danoise qui parle couramment l'islandais, les Opérations spéciales du CFR dépêchent deux émissaires. Et voilà que le côté maffieux de l'organisation ressort au grand jour.... Soudain, le héros se trouve malgré lui complice d'un assassinat, ce qui l'amène à donner sa démission... qu'on lui refuse, bien entendu.

Mais tout se retourne en faveur du CFR qui, par la voix de Gunnar Eriksson, son père spirituel en quelque sorte, annonce à Sliv qu'il ne s'agissait que d'une manipulation destinée à l'aguerrir, qu'il n'y avait jamais eu mort d'homme. Autrement, les Opérations spéciales ont bien fait leur boulot... mais sans tuer personne. Il écope tout de même d'une suspension de six mois au terme de la-quelle il est promu agent classe 3 et se retrouve en Sibérie pour suivre un cours de perfectionnement de trois ans. Ensuite, en raison de ses résultats exceptionnels, il est intégré aux Opérations spéciales. Quant à la finalité du CFR, on n'en sait rien...

Les Falsificateurs est un roman ludique d'une construction narrative sans faille. On prend plaisir à le lire, bien entendu, même si le récit est parsemé de passages didactiques – les dossiers sur lesquels travaille Sliv. On apprend ainsi plusieurs choses sur les Bochimans du Botswana, sur les aléas de l'industrie du pétrole, sur la police secrète est-allemande – la Stasi –, etc. Par contre, quitte à inventer une organisation comme le CFR, pourquoi l'avoir imaginée à l'image d'une bureaucratie lourde, fortement hiérarchisée, qui rappelle les organisations internationales comme l'Unesco ou le PNUD ? Une organisation presque anachronique à l'heure actuelle... L'auteur aurait eu tout intérêt à lire Henry Minzberg, le spécialiste en théorie de l'organisation, pour visiter d'autres modèles... Dernier reproche qui ne doit pas, cependant, vous décourager de lire ce roman brillant : on ne sait toujours pas, au bout de 500 pages, quelle est la finalité du CPR... et, au lieu du mot « fin », l'auteur inscrit « à suivre » à la fin de son récit. Bref, il faudra lire la suite pour apprendre davantage… Et cette suite s’intitule Les Éclaireurs et est parue en 2009 chez Gallimard.


Antoine Bello, Les falsificateurs. Paris, Gallimard, 2007, disponible avec DRM à la librairie numérique 7Swtich.

Mise en ligne en 2010, mise à jour le 2018-06-09

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