Sophie Dujardin : Entre chien et loups
Les réactions d’un individu à la mort de son père peuvent être fort variées. Certains ressentent cette mort comme une libération, même si elle les affecte au plus profond de leur être. D’autres se sentent plutôt soulagés à son annonce, allant même jusqu’à regretter parfois de ne pas avoir eu le courage d’en être eux-mêmes l’auteur. Moi, à la mort de mon père, j’ai ressenti un sentiment de culpabilité qui ne cesse de me miner depuis. En fait, mon père est mort sans que j’aie eu l’occasion de lui dire « merci ». Lui dire « merci » pour tout ce qu’il a fait pour moi. Lui dire « merci » pour avoir sacrifié une bonne partie de sa propre vie pour que moi, son enfant, vive dans des conditions décentes. Et en cela je suis coupable car j’ai fermé les yeux sur la misère qui fut la sienne au cours des dernières années de sa vie. Résultat ? Moi qui n’ai pratiquement pas pleuré depuis la fin de l’enfance, j’ai recommencé à le faire, versant des larmes à la moindre occasion depuis cet événement. Sop