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Ray Bradbury : Fahrenheit 451

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Il y a des années que j'entends parler de ce livre. Je crois même avoir déjà vu le film que François Truffaut en a fait dans les années 1960, probablement un dimanche après-midi dans un quelconque cinéma de répertoire de Montréal... Peu importe, c'était il y a longtemps, le film de Truffaut ayant été tourné en 1966 – son unique film en langue anglaise, d'ailleurs. Je lis généralement assez peu les ouvrages dont on parle trop. Sans doute en raison d’un esprit de contradiction propre à la jeunesse. Étant maintenant à l'âge de la vieillesse, je peux maintenant tout me permettre, y compris la lecture d'ouvrages « passés date », comme dit une jeune personne de mon entourage. J'ai donc entrepris de lire (enfin) cet ouvrage célèbre. Comme vous le savez, Fahrenheit 451 est un roman de science-fiction, même si nous nous situons à des kilomètres de Stars War . En effet, dans ce roman, il n’y a aucune bataille rangée impliquant des personnages interplanétaires, des armes

Ian McEwan : Amsterdam

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Ian McEwan est l’auteur du roman Expiation ( Atonement ) qui est à l’origine du film du même nom, le très beau film du réalisateur britannique Joe Wright. Le film Expiation m’a conquis pour ses images, sa musique, son scénario et, enfin, sa narration de type classique. Rien de tel, toutefois, dans Amsterdam dont chacun des chapitres met en scène, en parfaite alternance, Clive et Vernon, deux amis qui se fréquentent depuis plus de trente ans. Le premier, Clive, est un célèbre compositeur de musique classique qui, au moment des faits, a reçu la commande d’écrire une symphonie dédiée au millénaire – l’an 2000. Le second, Vernon, est à la tête du journal londonien The Judge , un journal respectable qui se doit de l’être un peu moins s’il veut augmenter son lectorat, seul moyen d’assurer sa survie dans un mode médiatique férocement compétitif. Les deux amis appartiennent à la génération des baby boomers, de ces individus « nourris dans la situation d’après-guerre du lait et du jus vitami

Georges J. Arnaud : La Compagnie des glaces

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Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais été un adepte des romans de science-fiction. Plus jeune, j’ai lu quatre ou cinq titres parmi lesquels figurent 1984 de George Orwell, Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley et Un bonheur insoutenable d’Ira Levin. Mais voilà que, le 31 octobre dernier [2011], on annonçait que la Terre venait de franchir le cap des sept milliards d’individus et que, le même soir, dans un entretien accordé à Céline Galipeau, au Téléjournal de Radio-Canada, l’astrophysicien Hubert Reeves prédit, de sa petite voix fluette, que l’espèce humaine ne survivra pas au prochain siècle . Vous, je ne sais pas, mais moi cela m’a ébranlé… Le soir même, je suis allé marcher dans mon quartier, réfléchissant à ce qui venait d’être dit : ça ira pour moi, ça sera plus difficile pour mon fils mais, pour mon petit-fils ou ma petite-fille, ça deviendra carrément impossible. Je n’ose moi-même imaginer ce qui se passera… mais d’autres l’ont fait et ce, depuis longtemps. Et c’est ce qui expliqu

Paul Laurendeau : Nos premières cruautés

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J'ai été étonné d'apprendre que Paul Laurendeau avait écrit un roman sur l'enfance. Étonné parce que, même si je le connais depuis les années de collège, je sais assez peu de choses sur lui, car Paul s’exprime rarement sur son passé, pour ne pas dire jamais. Certes, je sais qu'il a grandi à Repentigny, une petite ville de la banlieue est de l'île de Montréal. Une ville que les résidents de Pointe-aux-Trembles connaissent bien parce qu'elle est située juste de l'autre côté du pont Le Gardeur, ce point de confluence de la rivière des Prairies et du fleuve St-Laurent qui constitue en quelque sorte la frontière naturelle entre Montréal et Lanaudière. Dans l'enfance de Paul Laurendeau, comme dans la mienne, Pointe-aux-Trembles était une petite ville industrielle dont la plupart des habitants travaillaient dans les usines de Montréal-Est alors que Repentigny, première ville à l'est en quittant l'île, correspondait davantage à l'idée qu'on pouva

Mustapha Bouhaddar : Lettre à Fernando Pessoa

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Parfois, j'aime lire des auteurs inconnus. Des auteurs qui ne seront probablement jamais publiés dans la chaîne éditoriale traditionnelle du livre. C’est entre autres pour cela que je m’adonne à la lecture numérique depuis plusieurs années : les possibilités de découverte sont infinies par rapport au papier. Mustapha Bouhaddar est un de ceux-là, c’est-à-dire un auteur pas très connu qui publie chez des petits éditeurs, voire en auto-édition. En effectuant des recherches sur Amazon.ca sur Fernando Pessoa, je suis tombé par hasard sur son roman intitulé tout simplement Lettre à Fernando Pessoa . Et je me le suis immédiatement procuré. Ce roman raconte les tribulations d'un étudiant marocain à Paris qui loge dans un sous-sol sans fenêtre en échange de quelques services domestiques. Un étudiant en mathématiques... mais fortement attiré par la littérature qui guide en partie sa vie. C'est peut-être cet aspect qui m'a séduit parce que moi-même j'ai toujours considéré la

Robert Sabatier : Les Allumettes suédoises

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Les Allumettes suédoises relève de la catégorie des récits de l’enfance, récits dont je suis assez friand car, pour avoir vécu dans au moins quatre pays, j’ai souvent eu l’occasion de répondre, à ceux qui me posaient des questions sur mon origine, que mon pays c’est d’abord et avant tout l’enfance, puis, en second lieu, ma langue. Cela revenait à dire que ce qu’on est, ce qu’on devient dans la vie, provient en majeure partie de notre enfance et adolescence, un âge qui s’étend sur une période d’environ dix ans, soit de 7 à 17 ans. Après, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, on ne fait que suivre le chemin qui a été tracé. Le récit de Robert Sabatier a cependant quelque chose en plus : il se distingue des autres récits de l’enfance en ce qu’il appartient aussi à la catégorie des récits de quartier, c’est-à-dire ces romans qui, à l’instar de ceux de Naguib Mahfouz au Caire ( Passage des Miracles , Récits de notre quartier , etc.) ou, plus près de nous, de Michel Tremblay ( Chroniques du Pl

Gayle Forman : Pour un jour avec toi

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Parfois, on a envie de lire autre chose que du policier ou du fantastique. Autre chose que des intrigues dans lesquelles les hommes et les femmes, inextricablement, font preuve de ruse, de méchanceté et de violence pour arriver à leurs fins, même si ces fins s'apparentent à la victoire des forces du bien contre celles du mal et que, quand on referme le bouquin, on a l'impression d'avoir vécu quelque chose. Toutes ces histoires, au fond, nous extraient de notre morne quotidien. Bien entendu, il est bien qu'il en soit ainsi. Je me souviens, quand j'ai refermé la dernière page (ou plutôt la dernière page-écran de ma liseuse) de L'Assassin royal de Robin Hobb, j'ai eu l'impression d’avoir parcouru un long parcours semé d'embûches et d'avoir réussi quelque chose, même si, dans les faits, je me trouvais dans un bus ou dans un wagon de métro, chaque jour, à lire les incroyables aventures de Fizz pour chasser mes dossiers professionnels de mon esprit fa

Annie Ernaux : La place

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C’est en parcourant le Magazine littéraire de décembre 2006 que j’ai entendu parler de ce roman pour la première fois. Un numéro spécial qui est consacré au quarantième anniversaire de la revue et qui offre, à cette occasion, un panorama de la vie littéraire assortie de dizaines d’extraits d’entretiens parus au cours de cette période. Dans la chronologie des parutions, sous la rubrique «1983», figure La place d’Annie Ernaux avec au-dessous la notice suivante: «Avec une écriture sèche et des mots simples, l’auteur ressuscite son père ouvrier, crie sa haine de la servilité et sa honte de ce qu’ont vécu ses parents».  À mon avis, cette notice traduit mal le contenu de ce roman succinct qui, à l’instar de Mon père d’Éliette Abécassis (Albin Michel, 2002) et de Changer l’oubli d’Yvette Z’Graggen (éd. de l’Aire, 2001), porte essentiellement sur la figure emblématique du père. Contrairement à ce qu’a écrit l’auteur de la notice, Annie Ernaux ne « crie » ni sa haine ni sa honte de ce qu’on

Christine Machureau : La femme d'un Dieu

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Après son très beau roman sur Jésus de Nazareth L'ADN d'un Dieu , Christine Machureau récidive avec le récit de la vie de Mariam de Magdala, connue dans la tradition catholique sous le nom de Marie-Madeleine. Déjà, dans L'ADN d'un Dieu , elle jouait un rôle non négligeable, celui de la compagne et de la mère de la fille de Jésus, nom grec de Yeshoua. Celui-ci l'a d'ailleurs quitté pour poursuivre sa route en Asie, au nord du Pakistan actuel. Mais exit Jésus-Christ dans ce roman ; il n'y joue qu'un rôle secondaire. L'auteure a décidé de faire toute la place à Mariam, femme remarquable que les autorités catholiques ont mis au pilon dès que leur église a été consolidée dans les premiers siècles du christianisme. De Mariam de Magdala, on a fait une prostituée, une pécheresse, elle qui aurait pu être l'égale de Jésus dans la voie du mysticisme religieux. C'est en quelque sorte cette injustice faite par l'Histoire, et plus particulièrement ce

Azel Bury : La Baie des morts

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Azel Bury est une auteure auto éditée. Comme Florian Rochat ou Chris Simon. C'est d'ailleurs en consultant le site de celle-ci que je l'ai découverte. Il s'agit d'un nom de plume, assurément. Sur son site, l'auteure prétend qu'elle ne cherche pas à faire de belles phrases. Comme si le style ne l'intéressait pas. Comme si nous pouvions écrire sans style, marcher sans démarche, étancher sa soif sans boire... Azel Bury se définit comme une storyteller , une raconteuse d'histoire, et non comme une écrivaine « classique ». Pourtant, je vous l'affirme, elle écrit bien, très bien même et, bien entendu, elle raconte aussi de bonnes histoires. Grace à Chris Simon, qui ne cesse de me faire découvrir des auteurs sur son webzine dédié aux indés , les auteurs auto édités, je me suis procuré La Baie des morts , un roman magnifiquement construit et somme toute assez guilleret compte tenu du nombre de morts qu'on y croise... Dans cette fiction, que nous pou